Une poisse phénoménale ... [Libre]

Une poisse phénoménale, voilà de quoi avait été touché Dean. Oh, certes la journée était belle, avec un soleil qui brillait eau dans le ciel, pas un nuage, une température des plus agréables et … pour finir le tableau idyllique en beauté : une voiture en panne.

Argh ! Fait chier !

Ce furent les seuls mots qui sortirent de la bouche de Dean en sortant de cette fichu voiture, les cheveux en bataille et les joues rouges. Jamais il n’avait été autant en pétard contre cette vielle Mustang qui pourtant en avait vu bien pire.
Il avait fait à peine quelques kilomètres, qu’elle émit un bruit douteux avant de le lâcher en plein centre ville. Et pour couronner le tout, Dean avait oublié son portable…

O joie ! Les transports en communs lui tendaient les bras comme si ils n’attendaient que ça et déjà notre jeune ami sentait l’odeur de transpiration lui agresser les narines, les respirations fortes et grasses des nombreux passagers et d’autres désagréments encore.
Non, vraiment ça n’était pas sa tasse de thé, mais comment faire autrement quand on a n’y portable ni voiture …

- Mmm… aller c’est partit - Prenant son courage à deux mains, Dean attendit sagement à l’arrêt du bus pendant cinq bonne minutes avant que celui-ci n’arrive enfin.

Il monta avec réticence, paya sa place et alla au fond du véhicule pour s’asseoir près d’une fenêtre. Dean s’affaissa sur son dossier et se mit à regarder par la fenêtre le visage défilé lentement sous ses yeux …

Vivement que je sois arrivé… murmura t’il.

[Bon... ben, j'me permets de répondre du coup... au lieu de faire bêtement un autre sujet libre]

Les transports en commun... oui, ô joie. La triste réalité des citadins qui n'avaient pas la joie de pouvoir conduire une voiture. Véritable malédiction, dirait-on. Un conducteur désagréable, des vi... des personnes du troisième âge (un peu de respect !) qui montaient dans le bus à trois à l'heure, des plus jeunes absolument bruyants et insupportables, l'odeur nauséabonde du pauvre crétin qui n'avait pas pris de douche depuis des décennies, des contrôleurs qui prennaient un malin plaisir à exposer leur supériorité dans l'étroit territoire du bus. Mouais, tout ça c'était les transports en commun. Pas tellement qu'il ait l'habitude de prendre le bus, mais il lui en avait fallu peu pour cerner les caractéristiques majeures de ce genre de transports. En temps normal, Jasson aurait préféré prendre un taxi. S'assoir sur une banquette qui sentait la cigarette, un conducteur dingue qui dépassait largement la limite de vitesse autorisée, et doté d'un nom foireux genre Jo... mais seulement voilà... Jo le taxi coûtait cher à la longue et le pauvre compte en banque d'un jeune étudiant qui ne bossait pas et comptait uniquement sur l'argent fourni par ses géniteurs ne supportait étrangement pas Jo le taxi. Aussi, n'eut-il donc d'autres choix que d'opter pour les transports collectifs... comme le plus bas du commun des mortels. Mouais, bien sûr... on était en Amérique, pardi ! Que diable... pourquoi n'avait-il pas de voiture ? Juste pour se démarquer de la plupart des adolescents péteux, il aurait voulu pouvoir affirmer qu'il n'avait pas été un des nombreux gamins de 16 ans à réclamer sa voiture à Papa et Maman après l'obtention de son permis (deux trois chats écrabouillés sur la route et un examinateur traumatisé à vie). Mais ça aurait été mentir, de toute évidence. A 16 ans, Jasson avait bel et bien fait l'acquisition d'un vieux tacot qui par on ne sait miracle avait fonctionné pendant une période assez conséquente dans le seul but de lui permettre de se la péter (un peu) et de rayer les transports en commun de sa vie. "Une période assez conséquente"... disons, jusqu'à l'année passée du moins. Crashée contre un lampadaire (qui n'avait rien à faire là, c'est clair !) lors de sa première année à l'université, le faible moteur du précieux tacot de son adolescence n'avait pas survécu... RIP. Pour sa défense... il avait eu la désagréable surprise d'assiter à l'apparition momentanée de son ancien examinateur (mort dans un accident de voiture paraissait-il... le pauvre). Et à bien y réfléchir, c'était peut-être mieux ainsi... (pour le tacot, pas pour la mort de l'examinateur !) un conducteur qui voyait apparaître des morts était sans doute un danger public après tout... surtout pour les pauvres lampadaires qui n'avaient rien demandé.

Bref... les transports en commun... après ce floppée de pensées parfaitement inutiles à l'odeur désagréablement nostalgique, Jasson lâcha un léger soupir. Une vieille dame venait de prendre place à côté de lui sur le siège libre et lui souriait de toutes ses dents (qu'il estimait au nombre de 5 environ). Il en eut des frissons dans le dos... P'têt qu'en fait, elle était morte et qu'elle allait pas tarder à disparaître... ou pas. Et cinq minutes plus tard, soit c'était une morte très persistante qui ne voulait pas dégager, soit c'était pas une morte... Jasson se cala un peu plus contre la fenêtre et fixa son attention sur la fenêtre. Ou plutôt les reflets de la fenêtre. Parce que le paysage n'était franchement pas des plus passionnants. Des rues, des voitures, des bâtiments, des pancartes publicitaires... vive l'urbanisation. Pas que le reflet était plus passionnant, parce que c'était loin d'être le cas, il fallait bien l'admettre. M'enfin, observer les gens sans qu'ils ne s'en aperçoivent tout en ayant l'air de regarder par la fenêtre était d'un certain divertissement. Tenez, genre cette femme fringuée hyper classe de l'autre côté du bus qui se curait le nez en douce... ou encore ce gosse tout au fond qui venait de coller un chewing gum sous son siège pendant que sa mère s'appliquait avec acharnement une dose de rouge considérable sur ses lèvres ridées (rendez-vous chez le dirlo de l'école sans doute...). C'était comme observer quelques rituels bizarres et singuliers chez les animaux. Le bus... c'était un documentaire animalier, voilà.

Un autre genre de n'animaux fit rapidement son appararition et s'assit sur le siège devant le sien. Il n'en vit pas grand chose dans le faible champ de vision que lui permettait le reflet de la fenêtre qui changeait à tout va. Un genre de spécimen qui râlait et n'avait visiblement pas l'habitude du bus. Eventuellement un gosse de riche pourri gâté... (mouais naaaan, Jasson c'était pas du toouut le genre à juger comme ça à la va vite...). D'un autre côté... lui il râlait (tout le temps) et il aimait pas le bus (il aimait pas grand chose faut dire...) et c'est triste mais il avait franchement rien du gosse pourri gâté. C'est regrettable... l'avait pourtant la tête à l'emploi et le mauvais caractère avec. La vie était mal faite...

Au bout d'un certain temps, Jasson parvint tout de même à reconnaître son colocataire. Et s'il éprouva un quelconque sentiment de surprise, il n'en laissa rien paraître. Ben ouais, tout le monde savait que c'était hyyyyypeeeer petit Philadelphie... Un, il se demanda très vaguement si la courtoisie n'aurait pas exigé de lui qu'il vienne saluer une des deux personnes qui partageaient sa chambre presque toute l'année. Deux, il venait vaguement de se rappeler que saluer quelqu'un mènerait forcément à un semblant de conversation sans grand intérêt et vaguement hypocrite et qu'en plus, il était carrément nul pour taper la discute sauf lorsqu'il s'agissait de râler ou de spiritisme. Trois, ben de toute façon... Jasson pouvait pas être vu de sa place sachant qu'il se trouvait juste derrière...

Dix minutes plus tard... mais d'un autre côté, il était pas du genre super pas sociable non plus à la réflexion. Il se considérait même comme assez sociable d'ailleurs ! ...ouais, nan c'était une blague. Raclement de gorge pas discret.

- Salut, lâcha-t-il finalement en fixant la tignasse brune qui dépassait du siège de devant... genre c'était une sorte d'entité vivante qui pouvait parler.

Bon... admettons, c'était débile de le dire seulement maintenant après un bon moment passé dans le bus. Il aurait éventuellement dû se présenter de suite ou la boucler le reste du trajet. Sans compter que c'était carrément pas effrayant d'entendre quelqu'un de derrière vous saluer sans raison valable... et puis aux dernières nouvelles, ils étaient juste d'ordinaires colocataires que l'administration avait foutu ensemble l'an dernier, faute d'avoir d'autres chambres... m'enfin, un peu de courtoisie que diable.

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