Parce qu'il est impossible d'échapper à son destin |FELICITY|

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« Merci d’écouter Radio Philadelphia,
il est 8h et après ce nouveau morceau de… »

Les idées encore embuées par le sommeil, Timothy ouvrait péniblement les yeux sur le décor de sa chambre de résident, maudissant son horaire et d'avoir à se lever si tôt. Tâtonnant de sa main gauche la table de nuit pour éteindre son radio-réveil, sa main s’arrêta tour à tour sur son portable, son bouquin, sa montre avant d’atteindre, enfin, le bouton qui le libèrerait de la voix de cette chanteuse en tout point détestable…selon ses goûts bien entendu. Aujourd’hui matin, il commençait par une matinée de labo, une matinée qu’il passerait avec Felicity, une matinée tendue où il regretterait à chaque regard qu’il poserait sur elle de l’avoir laissée se porter volontaire pour cette expérience…à moins qu’il n’ait cherché à la convaincre qu’elle ne comportait aucun risque…

« Merci d’écouter Radio Philadelphia, il est 12h
Et après ce nouveau morceau de … »

Pourquoi chaque heure importante de sa journée était-elle rythmée par la voix de cette animatrice radio totalement désuète ? Lorsqu’il se lève, lorsqu’il va manger, lorsqu’il rentre dans sa chambre… Tout, tout est totalement régi par la voix de cette jeune femme et parfois, il s’imaginait que c’était cette animatrice qui lui annonçait toutes ses pires nouvelles et en particulier la dernière en date :

« Bienvenue sur Radio Philadelphia…Timothy Larsen ? Pourrais-tu t’occuper de l’entretien de Felicity à la place de ta collègue ce soir ? Normalement, elle devrait m’attendre au labo pour 18 heures. Je compte sur toi. »

C’est l’une de ses collègues du labo qui lui a demandé ce service. Chaque semaine, l’un d’entre eux s’entretenait avec un des cobayes pour relever ses impressions. Il cherchait des solutions aux problèmes quant cela se passait mal et au contraire, veillait à ce que rien ne change pour ceux dont l’expérience fut une réussite. Depuis la mise en place de ce système, Tim a fait son maximum pour ne jamais se retrouver en entretien avec Felicity, son ex-petite copine où les non-dits sont monnaies courantes. Jusqu’à présent, cela avait plus ou moins fonctionné jusqu’à ce que cette requête lui parvienne sans lui laisser la possibilité de contester.

« Bienvenue sur Radio Philadelphia… il est 17h 30
Et le journal commence…. »

Timothy devait être au labo dans 30 minutes mais très sincèrement, il préférait arriver légèrement en retard…Avec un peu de chance, peut-être serait-elle déjà partie. Il trouverait bien un moyen de se justifier auprès de ses camarades. Il se lava donc sans trop se presser et enfila un jean’s bleu foncé qu’il associa à un pull blanc. Il était d’une simplicité étonnante et les cheveux encore légèrement humides, il les maîtrisa comme il le pouvait avec un peu de gel avant de rejoindre labo.

Il poussa la porte mais, il n’y avait toujours personne. Un petit regard à sa montre, il était déjà 18h10. Il s’installa donc au bureau dans la petite pièce arrière de la salle des expériences et il visionna le questionnaire, questionnaire qu’il connaissait par cœur….inquiet à l’idée de se retrouver seul avec son ex-petite copine qu’il savait toujours aussi désirable pour la côtoyer chaque jour avec difficulté, il hésitait déjà à partir. Pourrait-il se contenter du questionnaire ?
Lui ferait-il des allusions sur leur couple ?
Leur rupture ?
Pourrait-il les supporter ?
Ne pas lui répondre ?
Pourrait-il travailler ensemble avec fruit ?

Merde ! C'est pas possible il est déjà 18h10 ... Fais chier !

Désolée pour de le retard je me pré ... Bref, désolée pour le retard.

[Je suis désolée…il est pas super mais j’espère qu’il te donnera tout de même matière à enchaîner..]

Alors qu’il était toujours en train de feuilleter le questionnaire établi par les membres scientifiques du labo, y compris lui, le jeune homme estima que peut-être, il serait intéressant de lire les rapports rédigés par ses collègues sur l’expérience de Felicity De façon général, chaque participant doit consulter les travaux d’ autre afin de peaufiner leur théorie propre sur la mutation sanguine. Et de façon générale, le jeune Tim ne dérogeait jamais à cette règle.

Pourtant, le jour où le couple qu’il formait avec Felicity se déchira, il devint évident que ces deux jeunes adultes se montraient incapables de communiquer sans que chaque mot échangé devienne un sarcasme. Entre ces deux là, plus aucune relation professionnelle normale n’était envisageable pour l’instant. Tous les membres du labo comprirent les raisons de ce désintérêt un peu lâche de Tim sur cette implantation d’ADN de poisson testée sur la jeune fille et tous se montrèrent assez conciliant à éviter de les confronter pour le bien de chacun. Immunisé par la tolérance de ses collègues, Timothy pouvait l’éviter mais il ne se sentait pas moins coupable pour autant. C’est pour cette raison qu’il n’a jamais accepté d’ouvrir le rapport concernant le surprenant don de son ex-petite copine. Il avait bien trop peur d’apprendre que son égoïsme l’avait détruite.

Et voila qu’aujourd’hui, tous les efforts du jeune homme pour en apprendre le moins possible furent vain. Il était obligé de consulter au minimum les premières pages du compte-rendu du dossier Millegan s’il ne voulait pas tomber le bec dans l’eau face aux conséquences de la malsaine expérience de son laboratoire. Ouvrant la page de garde cartonnée, il découvrit alors la photo d’un sourire lumineux d’une Felicity pétillante et pleine de joie de vivre, un sourire qu’il ne reconnaissait pas sur les traits de la jeune femme qui venait de pousser la porte du laboratoire en s’excusant de son retard à mi-mots. Curieux, Timothy lui aurait bien volontiers posé quelques questions sur cette phrase inachevée mais, il s’abstint. La vie privée de la demoiselle ne le regardait normalement plus sauf peut-être ce soir, puisqu’il devait y sauter dedans à pieds joints pour rendre un service en tant que désigné volontaire.

« Ce n’est pas très grave...»

concorda-t-il puisqu’il n’y voyait en effet aucun inconvénient majeur. Aucunement prêt psychologiquement et professionnellement prêt pour cet entretien, le scientifique devait avouer ne pas connaître l’étendue de la mutation, il n’avait pas eu assez de temps, ce n’était pas son horaire normalement, ce n’était pas son cobaye, ce n’était pas à lui à gérer cette situation.
Quelle indécelable incompréhension pour une frustration énoncée clairement dans l’esprit du normalement rationnel Larsen ?
Comprendre ce qu’il se passait n’était pas très difficile. Durant un court instant, Timothy croisa les prunelles bleues de Felicity et ce dernier perdit aussitôt le contrôle de la situation.
Pourquoi donc paniquait-il autant ?
Pourquoi ne parvenait-il pas à voir en elle un simple être humain qui a choisi de se porter bénévole pour participer à ce projet ?
A sa décharge, il faut s’avouer que la jeune femme, charmante en tout temps, était particulièrement radieuse en ce début de soirée.
Radieuse... premier mot traversant sa tête et sans doute le plus adapté à ses yeux mais pourquoi semblait-elle si éteinte ?
Etait-ce une idée où il ne percevait plus cette lueur d’espièglerie au fond de ses yeux ?

Tout en reposant son dossier sur le bureau par simple respect pour elle, ne pouvant se résigner à examiner des documents confidentiels narrant son expérience devant ses yeux, il se leva et éloigna deux chaises du bureau. Il les disposa face à face loin du bureau, objet de métal froid qui ne les aiderait certainement pas à travailler sans a priori.
Il détestait ces formelles rencontres où l’un est derrière le bureau, écoutant l’autre, prenant des notes….
Il détestait ce manque d’humanité de certains médecins, docteurs, chimistes….en clair, scientifique.
En aucun cas, il ne l’affronterait de la sorte.
Elle n’était pas une étrangère !
Elle ne lui était pas indifférente !
Et surtout, il n’avait jamais cherché à lui faire du mal. Chaque mot, chaque geste, chaque attention qu’il accordait n’était que le fruit d’un amour sincère et véritable et si ses pensées se tournent vers elle, les mêmes questions sur leur rupture subsiste encore et encore…
Quel aurait été l’intérêt de lui rappeler qu’elle est parfois réduite à un numéro de dossier collé sur un bout de carton et parfaitement rangé sur une étagère destinée à cet effet ?

« Tu peux t’asseoir, Prends la chaise où tu te sentiras le mieux »

expliqua-t-il avec un manque d’assurance inhabituel chez le jeune français d’origine, un manque d’assurances né sans aucun doute de cette lourde atmosphère que quelques mots suffirent à rafraîchir.

« Tu veux boire quelque chose avant qu’on ne passe aux formalités d’usage ? J’imagine que tu sais pourquoi tu es la… j’ai un questionnaire un peu particulier à remplir avec toi mais…C’est tellement informel… ça l’est tellement qu’on n’a même pas pris la peine de se saluer…. Et que je n’ai a priori pas le droit de te demander banalement comment tu vas. »

Il aurait préféré qu’elle lui confie son ressenti naturellement, sans qu’une feuille de papier ne lui force la main. Il aurait préféré qu’elle lui sourit, qu’elle le salue, qu’ils entretiennent quelques banalités censées détendre.
Pourtant, bien qu’il aurait préféré que les choses se passent comme cela, comme s’ils étaient de bons amis, juste de bons amis, il se devait admettre que son cœur a raté quelques pulsations à chaque battements de cils de Felicity. Debout en face d’elle, il attendait qu’elle prenne place.

« Tu veux boire quelque chose avant qu’on ne passe aux formalités d’usage ? J’imagine que tu sais pourquoi tu es la… j’ai un questionnaire un peu particulier à remplir avec toi mais…C’est tellement informel… ça l’est tellement qu’on n’a même pas pris la peine de se saluer…. Et que je n’ai a priori pas le droit de te demander banalement comment tu vas. »

Non je n'ai pas soif mais merci ... Concernant le questionnaire, je préfèrerais qu'on en finisse au plus vite ça n'a jamais été quelque chose qui m'enchante

Effectivement tu n'as pas le droit de me demander comment je vais étant donné que cette question ne figure pas sur ton fichu bout de papier mais si tu veux savoir, tout va très bien.

Faut qu'on mette les choses au clair parce qu'on ne pourra pas travailler efficacement dans cette situation. Tu es le scientifique et je suis le cobaye, fais comme avec tous les autres... Apres tout tu as l'habitude de ce genre de formalité. Moi non plus je ne voulais pas passer cet entretient avec toi mais je n'ai pas eu le choix et toi non plus, alors autant que ça se termine le plus vite possible non ?

Alors qu’il l’invitait à choisir la chaise qu’elle souhaitait, celle où elle se sentirait le plus à l’aise pour s’entretenir avec lui, Felicity octroya à son interlocuteur son premier sourire depuis des mois. Un sourire simple dont la seule motivation n’était que politesse. Il l’imita alors, cherchant à dégeler l’ambiance alourdie considérablement par leurs souvenirs respectifs de leur histoire commune, de leur histoire d’amour de plus d’une année, de leur histoire passionnée tant dans la colère que dans la douceur, de leur histoire d’amour où régnait la conciliation. Malheureusement, si l’un comme l’autre était capable de faire des concessions par amour, ni l’un ni l’autre n’accepter de communiquer raisonnablement pour régler leur problème. C’est l’unique cause de leur rupture mais le voile des illusions leur cache encore la vérité.

Felicity, dans un silence absolu, prit place sur l’une des chaises proposées par Tim, celle juste devant elle, près de la porte. Timothy, toujours debout au fond de la pièce, les mains libres de tout dossier, se dirigeait lentement vers le frigo duquel il emporta deux petites bouteilles d’eau. L’une fut déposée sur le bureau sinistre et l’autre, il la tendit vers la jeune fille, lui proposant avec politesse, de quoi étancher sa soif éventuelle mais sans pour autant lui laisser l’opportunité de répondre. Il enchaîna immédiatement sur son trouble dès qu’elle franchit la porte ou plutôt, le seul trouble qu’il voulait bien accepté.

Une rupture voulait-elle impérativement signifié le silence durant des mois ?
Une rupture voulait-elle impérativement signifié que saluer l’autre est un lourd écart de conduite vis-à-vis de nos camarades plus féministes ?
Une rupture voulait-elle impérativement signifié que s’inquiéter du moral de son ancien partenaire est une faiblesse puisqu’inconsciemment on souhaite entendre un « Tu me manques » ?

Timothy ne l’entendait pas de cette oreille, s’il n’avait jamais donné d’explications à la jeune femme, c’est qu’il n’en eut pas non plus en retour. Il va soutenir sa meilleure amie et le lendemain matin, sa petite amie l’ignore totalement, refuse de lui parler, ne décroche plus au téléphone, au texto….Qu’espérait-elle ? Qu’il continue à courir après elle ?

Quoiqu’il en soit, elle n’avait pas soif. Tout ce qu’elle souhaitait, c’était passé aux choses sérieuses qu’elle puisse quitter cette pièce. Elle ne l’avait pas dit de cette façon mais, le ton qu’elle employait ne laissait douter de rien. Elle se montrait sèche et bien qu’il ne soit pas surpris, Timothy se contenait au maximum pour ne pas se montrer des plus désagréables. Quant à Felicity, on pouvait la deviner nerveuse, même très nerveuse à en croire cette façon si significative qu’elle a de se tortiller les doigts.

Timothy finit par s’asseoir en face d’elle, son dictaphone dans la poche pour tout enregistrer et n’avoir à prendre aucun doute. Elle serait alors très vite débarrassée de lui et Tim se contenterait de faire le tri quant aux informations reçues pour clôturer le rapport destiné à son collègue avec plus de faciliter. Il était prêt à commencer et Felicity semblait avoir tout dit quand elle prit à nouveau la parole, surprenant son interlocuteur heurté par la dureté de ses propos.

Mettre les choses au clair ? C’est l’hôpital qui se moque de la charité ? Elle a mis les choses au clair elle, lorsqu’elle ne lui donna plus signe de vie ?
Elle voulait qu’il la traite comme si elle était un cobaye ? Avait-elle seulement une seule idée de ce que cela impliquait ? Être dépourvu d’humanité, s’adresser à elle comme si elle était devenue une bête de cirque ? Lire sous ses yeux le rapport qui l’éclairerait sur la nature de son don en l’approfondissant de questions aussi dégradantes qu’utiles ?
Elle ne comprenait pas qu’il essayait de la mettre à l’aise pour que leur entrevue soit la moins désagréable possible.

« Faire avec toi comme je fais avec tous les autres »

lança-t-il avec une pointe de mépris dans le fond de la voix.

« Est-ce que tu es consciente du sens de tes mots ? Tu veux que je te regarde avec indifférence ? Que je te pose des questions aussi idiotes que celle qui sont sur ce fiche bout de papier comme tu le dis si bien ? tu veux que je te demande si….attends, je cite…. »

s’interrompit-il pour prendre aux hasards l’une des pages du rapport expliquant les effets secondaires de sa mutation..

« J’y suis….Si tu préfères boire de l’eau d’Evian ou une autre ? Ben oui, l’une est plus riche en sel alors si tu la préfères, tu serais un poisson d’eau de mer… Tu me suis ? C’est vraiment ce que tu veux ou alors, c’est tout ce que tu sais faire et donc tout ce que tu attends en retour…De l’indifférence ? Ignorer mes sentiments pour ne penser qu’au tien c’est ça ? »

Il haussait le ton à mesure que sa tirade évoluait. On ne pouvait pas considérer qu’il criait sur elle, non…mais il avait dans la voix une note de dédain pour exprimer toute sa colère contre la jeune femme.
Et ces derniers mots n’avaient plus rien à voir avec le boulot, c’était plus personnelle. Elle s’était montrée indifférente à toutes les gestes qu’il lui démontra les premiers jours suivants cette fameuse soirée du resto. Pensait-elle vraiment qu’il s’agissait du seul moyen de résoudre les problèmes ? S’en moquer ou laisser croire qu’on s’en moque ? Se mentir à soi-même ?

Bien sûr, Timothy avait une part de responsabilité de cette rupture, mais il était trop fier pour se remettre en question.

« Faire avec toi comme je fais avec tous les autres »

" Comment peux tu me dire que j'ai été indifférente ? La seule chose que je voulais c'était être avec toi et regarde où on en est aujourd'hui ... On ne se parle plus, on ne se regarde plus, on ne se sourit plus, on existe plus l'un pour l'autre et tout ça a cause de quoi ? Tu pense vraiment que c'est a cause de mon indifférence que nous en sommes la aujourd'hui ? Ok je l'avoues, je t'ai complètement ignoré les jours qui ont suivis notre rupture mais ca ne t'as pas empêcher de continuer ta vie, tu t'en sors même plutôt bien, tu es un des meilleurs scientifiques de ce labo, toutes vos expériences attendues ont finalement pointé le bout de leur nez, tu vis toujours une merveilleuse histoire avec ta meilleure amie ..."

" Tu me parles de sentiments ... de tes sentiments mais en as tu déjà eut au moins qu'un soupçon ? Je t'aimais Tim' et j'avais besoin de toi ... "

Quelle délicatesse !
S’il avait voulu la vexer, il n’aurait pu mieux faire. Même si la jeune femme avait cherché à cacher son ressenti face à cette froideur dont il fit preuve, elle n’y serait pas parvenue. Après avoir passé plus d’une année en sa compagnie, il savait sans se tromper reconnaître sur les traits de la jolie blonde lorsqu’elle était blessée ou vexée. Certes, il ne la connait pas parfaitement. Il est bien trop compliqué de se connaître soi-même donc impossible de bien connaître les autres. Néanmoins, à pouvoir reconnaître le masque d’émotion sur le visage de Felicity, il se rendit compte, pour la première fois, qu’il lui avait fait plus de mal qu’il ne l’aurait voulu. C’est pour cette raison qu’il était capable de voir aujourd’hui qu’il venait à nouveau de lui faire du mal et pour la première fois, il regrettait. Non pas qu’en tant que couple, il souhaitait la blesser, au contraire, mais Timothy était incapable de se remettre en question. Il préférait se convaincre que c’était Felicity qui créait le conflit plutôt qu’accepter sa part de responsabilité.

Avec le recul, se pourrait-il qu’il ait mérité son mépris et son indifférence après l’avoir laissée dans un restaurant, seule, sous prétexte que Sam avait besoin de lui ?
Se pourrait-il qu’il se soit montré plus indifférent qu’elle, à tort, parce qu’en réalité, il était amoureux de Felicity mais été incapable de le lui montrer ?
Se pourrait-il qu’il ait mérité ses longues nuits d’insomnie où il se demandait pourquoi elle l’ignorait comme ça ? Se demandant si elle avait rencontré quelques d’autres et se rendant trop fier quelques jours après ses tentatives que pour la forcer à crever l’abcès et peut-être sauver son couple ?
Il n’en savait plus rien et il regrettait déjà ses mots….il regrettait cette attaque personnelle. Il s’était pourtant promis de ne pas mélanger les raisons de cette entretiens et ce souhait qui le prenait au cœur si souvent de comprendre comment ses deux-la ont pu en arriver la…..Il se l’était promis mais il semblerait que cette conversation était inévitable, que, contre toute attente, c’était plus un besoin qu’une réelle envie.
Avait-elle raison ?

« Nous y voila… Sam encore et toujours….Tu n’as vraiment rien compris hein ? Tu crois vraiment que je n’avais pas envie d’être avec toi ce soir la ? Que je n’avais pas envie de te soutenir ? Que j’avais pas envie de relever tes impressions sur cette expérience…et je parle pas scientifiquement mais pour toi, mentalement…j’avais envie de t’entourer et de t’aider au maximum mais tu ne m’en as pas laissé l’opportunité à cause de quoi ? A cause de Sam et de cette saleté de jalousie… Parce que c’est facile de croire que j’ai continué ma vie comme ça. Tu n’as pas cherché à savoir comment j’ai vécu notre rupture… Tu aurais voulu me voir me lamenter ? Te supplier ? Arrêter de voir Sam ? Arrêter de chercher à être le meilleur alors que c’est tout ce dont pourquoi je me bats depuis des années ? Tu vois, je te comprends pas…je crois que je te comprendrai jamais Felicity…. »

Tim venait de résumer en quelques phrases tout ce qu’il reprochait à la jeune femme et tout ce qu’il avait ressenti en gardant néanmoins une certaine réserve. Il ne voulait en aucun cas qu’elle comprenne qu’il avait réellement très mal vécu ce qu’il est advenu d’eux.
D’ailleurs, avait-il parlé de sentiment ?
Avait-il osé prononcer ce mot ?
Il semblerait bien que ce soit le cas et la jeune femme semblait totalement consciente de ce qu’il venait de dire. Elle rebondit, elle rebondit à l’aide d’une question qu’il redoutait. Qu’allait-il pouvoir lui répondre… ?
Avait-il le droit de lui mentir alors que le visage de la belle était éteint. Il préféra se taire et la laisser se lever pour récupérer dans ses mains le questionnaire qu’elle se mit à remplir seul. Timothy ne parvenait pas à détacher son regard du visage angélique de son ex-petite amie.
Elle avait besoin de lui…. Et il l’avait abandonnée….Aujourd’hui encore, elle avait besoin de lui, allait-il la laisser seule affronter la lourdeur et la froideur de ce questionnaire ?
Il en est hors de question.
Il se leva à son tour et posa sa main sur celle de la jeune femme afin qu’elle arrête de lire cette horreur. Il le récupéra et le chiffonna dans sa main droite alors qu’il prit celle de la jeune fille dans sa main libre :

« Plus qu’un soupçon Felicity. Bien plus que ça….et je pensais que tu le savais… Je suis pas parfait, je l’ai jamais été et….enfin, ce que j’essaie de te dire c’est que je me rends seulement compte que je t’ai fait bien plus de mal que je ne l’aurais vraiment voulu… »

Il aurait aimé trouvé la force de lui confirmer qu’il était désolé mais c’était au dessus de ses forces. Il était trop fier pour ça et il espérait qu’elle le comprendrait, qu’elle n’exigerait rien de plus que cet aveu….

Jalouse ? Tu penses vraiment que je suis jalouse? Si j'étais jalouse crois moi que notre relation n'aurait pas duré aussi longtemps!

Tu n'aurais pas du chiffonner ce papier ... J'avais presque fini.

Je ... euhh ...

C'est du passé tout ça après tout

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